Dans le domaine de l’immobilier, la compréhension des obligations légales concernant les états des lieux est cruciale pour les professionnels. La loi pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové (ALUR) a introduit des modifications significatives dans ce domaine, impactant la gestion locative. Cet article, destiné aux gestionnaires locatifs, agences immobilières et autres professionnels de l’immobilier, vise à clarifier les obligations juridiques sur l’état des lieux.
L’état des lieux est un document très important en début et fin de location. Il sert à évaluer l’état du logement et de ses équipements pour, en cas de besoin, répartir équitablement les réparations nécessaires entre le locataire et le propriétaire.
Une fois l’état des lieux de sortie réalisé, le propriétaire-bailleur ou son agence immobilière est tenu de restituer le dépôt de garantie au locataire. Le délai est d’un mois à partir de la date de réalisation de l’état des lieux, si aucune dégradation n’a été constatée. Dans le cas contraire, le propriétaire dispose d’un délai de deux mois.
La loi Alur a instauré l’obligation d’utiliser un modèle type pour l’état des lieux. Ce modèle type, défini par décret, vise à standardiser les informations devant être incluses dans les états des lieux pour garantir plus d’équité et transparence.
Depuis cette loi, l’état des lieux doit être le plus détaillé possible, incluant la description de l’état des revêtements des sols, murs, plafonds, des équipements et des éléments du logement. Il peut également être complété par des observations, des réserves et des photos pour documenter l’état du logement de manière précise.
La loi Alur a introduit le droit du locataire à demander une modification de l’état des lieux dans les 10 jours suivant son établissement. Cela permet au locataire de signaler des défauts qui n’auraient pas été notés lors du premier constat de l’état du logement.
La loi Alur a reconnu la validité des états des lieux réalisés sous format électronique. Depuis, les états des lieux peuvent être créés, envoyés, reçus et signés numériquement, en possédant la même valeur légale que ceux réalisés sur papier.
La loi ALUR encourage l’usage de photos ou de vidéos pour accompagner l’état des lieux. Ces illustrations fournissent une documentation visuelle de l’état du logement lors de l’entrée et de la sortie du locataire. Cela permet de capturer de manière détaillée l’état des surfaces, des équipements et des meubles. C’est une preuve supplémentaire en cas de litige sur l’état du logement, qui aide à clarifier les responsabilités en matière de dégradation ou d’usure.
La loi Alur encadre, mais ne rend pas obligatoire la réalisation d’un état des lieux pour les locations, qu’elles soient meublées ou non. Dès qu’un état des lieux est réalisé, il doit en revanche suivre un modèle type avec des mentions obligatoires pour être juridiquement valable.
ATTENTION
L’absence d’un état des lieux a des implications significatives :
- En l’absence d’état des lieux d’entrée : La loi présume que le locataire a reçu le logement en bon état de réparations locatives (même si la réalité est différente…), ce qui peut le rendre responsable financièrement des dégradations constatées en fin de bail ;
- À défaut d’état des lieux de sortie : La loi considère que le logement a été restitué au propriétaire-bailleur en bon état. Par conséquent, le bailleur doit restituer le dépôt de garantie dans un délai d’un mois après le départ du locataire, sauf s’il est en capacité de prouver la responsabilité du locataire concernant les dégradations.
Depuis l’entrée en vigueur du décret d’application de 2016 de la loi Alur, un état des lieux doit comporter les mentions obligatoires suivantes pour être considéré comme juridiquement valable :
Pour l’état des lieux de sortie, il faut ajouter :
Évolutions de l’état du logement : Toutes les modifications ou dégradations constatées depuis l’état des lieux d’entrée.
BON À SAVOIR
Le décret d’application de la loi Alur précise que :
- Une présentation similaire des états des lieux d’entrée et de sortie doit être appliquée ;
- Ces documents peuvent être remis soit physiquement, soit sous format électronique ;
- Ils offrent la possibilité d’ajouter des commentaires ou des réserves et peuvent être enrichis d’images pour une meilleure illustration ;
- Il est également envisageable de regrouper l’état des lieux d’entrée et de sortie dans un seul document, facilitant ainsi la comparaison directe ;
- Enfin, il est impératif que chaque partie (locataire et propriétaire ou son représentant) impliquée reçoive une copie de l’état des lieux.
Le coût de réalisation d’un état des lieux est encadré par la loi Alur et le décret n° 2014-890 du 1er août 2014. Cet encadrement a été prévu pour éviter des frais excessifs et garantir une certaine équité entre le locataire et le propriétaire.
Lors de la réalisation de l’état des lieux d’entrée par un professionnel de l’immobilier, le locataire est tenu de participer aux frais. Cependant, la contribution du locataire est plafonnée à deux niveaux :
BON À SAVOIR
Si l’une des parties, locataire ou propriétaire, refuse de participer à un état des lieux contradictoire en ne se présentant pas, l’autre partie a la possibilité de solliciter un commissaire de justice (anciennement appelé huissier) pour intervenir. Le commissaire de justice informera les parties concernées de la date prévue pour l’établissement du constat locatif. Le prix de la réalisation d’un état des lieux par commissaire est également encadré.
En cas de désaccord sur un état des lieux, il est recommandé de :
Il est primordial que vous restiez neutre, professionnel et que vous communiquiez tout au long du processus avec le locataire et le propriétaire pour aider à une résolution efficace du litige.
En conclusion, il n’est pas toujours aisé de réaliser une évaluation précise et impartiale. Or, un faux pas dans ce constat peut être source de litiges. Pour éviter ces risques, il existe une solution : externaliser vos états des lieux. Faire appel à des checkers, formés et neutres, vous permet de bénéficier d’une expertise fiable, garantissant des états des lieux conformes et équilibrés. Les gains de temps et l’impartialité garantis sont les deux principales raisons expliquant cette tendance à la délégation des états des lieux, qui s’installe progressivement dans le paysage du marché locatif.
Article rédigé par Héloïse Fougeray